16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 15:39

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Note d’analyse (n°1) de la délégation du Parti de Gauche présente à Copenhague.


Y aura-t-il un accord contraignant pour les pays développés à la sortie du Sommet de Copenhague ?


C'est peu probable à l'heure où sont écrites ces lignes même s'il est encore trop tôt pour le savoir réellement, tant le rapport de forces entre pays industrialisés et pays en développement évolue et s'affirme de jour en jour pendant les négociations. Cependant, quel que soit le résultat, plusieurs enseignements peuvent déjà être tirés.


Les États-Unis refusent toujours le Protocole de Kyoto, auquel s'accrochent les pays du Sud regroupés au sein du G 77. Pour eux, ce dernier est en effet le seul cadre juridique international valable car il oblige les pays industrialisés à respecter des objectifs de réduction d'émissions contraignants. De son côté, l'Union européenne fait des propositions financières insignifiantes aux pays du Sud (2,4 milliards d'euros d'ici 2012), revoit à la baisse ses objectifs de diminution des émissions de gaz à effet de serre (GES) (23% entre 1990 et 2020 au lieu des 30 % évoqués avant le début du Sommet !), et ne souhaite pas être la seule à s'engager.


Les danois, qui président les négociations, ont soumis un texte au début du Sommet qui, selon eux, pouvait servir de base pour la résolution finale et multiplié, à partir celui-ci, des consultations avec quelques pays. Cette méthode et ce document ont provoqué un véritable tollé au Bella Center, lieu du Sommet de Copenhague, lorsque nous étions encore présents sur place. Les pays du Sud ont été clairs : ce texte, qui n'aura été envoyé officiellement qu'à une partie des pays présents (dont 40 du G77), est apparu comme une tentative de division du front des pays émergents et pauvres. Or, ces derniers sont fermement attachés au maintien d'un cadre multilatéral et transparent de négociations. Quels que soient les résultats formels du Sommet, les pays du Sud n'en seront, désormais, que plus solidaires dans leur opposition aux pays développés.


Au début des négociations, les États africains ont momentanément quitté la table. De leur côté, les pays insulaires se sont fortement mobilisés pour que l'accord final vise un objectif de limitation à 1,5°C et non 2°C du réchauffement global en 2050, ce changement impliquant de nouveaux efforts de réduction des GES des pays industrialisés. Reprise désormais par le G77 sous une autre formule (réduction de 80% des GES en 2030 et de 100% en 2050, ce qui correspond à un réchauffement de 1,5°C), cette proposition accentue la pression sur les pays riches.


Enfin, sous la houlette des Basic (Brésil, Afrique du Sud, Soudan - qui préside le G77, Inde et Chine), une contre proposition a habilement traduit le rapport de forces en pointant les points de consensus possibles à Copenhague et ceux qui à l'inverse ne sont pas négociables pour eux. Cette proposition exige notamment la continuité du protocole de Kyoto, refuse le marché carbone et réclame des réformes structurelles dans les pays du Nord, ainsi que la mise en place d'un fond global du climat sous l'égide de l'ONU.


Dans cette dynamique, ils auront pu compter sur l'appui des mobilisations citoyennes. Ainsi, 50 à 100.000 personnes ont manifesté samedi 12 décembre sous le mot d'ordre "Changeons le système, pas le climat". Nous étions sur place, dans un cortège du Front de Gauche, avec le Parti Communiste.


On le voit, la pression monte à Copenhague et les pays du Sud ont déjà montré que rien ne serait plus comme avant en matière de négociations internationales. Il y aura bien en la matière un avant et un après Copenhague.

Publié par Mathieu Agostini, Corinne Morel Darleux, Christophe Ventura - dans Ecologie - Energie - Planification écologique

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