7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 21:56


En pleine préparation du sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique, la Chambre de commerce et d'industrie de Cherbourg et Louis Dreyfus Armateur veulent construire un grand terminal charbonnier à Cherbourg pour y faire transiter  4 millions de tonnes de charbon par an à destination de toute l'Europe. Le Parti de gauche refuse un tel projet et participera à la manifestation le 7 novembre prochain pour exiger un moratoire.

On croirait presque à une provocation ! Ce projet a été annoncé deux mois avant l'ouverture des négociations de Copenhague, où les pays industrialisés doivent s'engager sur une réduction massive de leurs émissions de gaz à effet de serre, qui devrait atteindre, pour la France 40% d'ici 2020.

Bien sûr, on comprend l'attrait économique de la filière charbon. Après avoir fait couler dans les années 80 les mines de charbon françaises en raison de leur supposée absence de compétitivité, on nous vend désormais son importation depuis l'autre bout du monde. Avec des stocks mondiaux estimés à 200 ans d'utilisation, on comprend tout l'intérêt des entreprises de l'énergie, Total en tête, à se reconvertir dans cette filière juteuse.

Mais l'on ne nous fera pas croire que la filière charbon est «propre».

D'abord, parce que la «séquestration» de carbone, que l'on nous vend comme une solution miracle aux émissions de CO2 de la filière charbon, n'est aujourd'hui absolument pas fiabilisée. Total lance un projet pilote de centrale à Jurançon, dans lequel le carbone devrait être séquestré dans une couche géologique censée être imperméable. Problème : alors que cette technologie est en phase expérimentale, les riverains devront accepter le risque d'explosion ou de fuite de déchets toxiques vers des nappes phréatiques (arsenic, mercure, cadmium, etc.). Par ailleurs, même en faisant l'hypothèse d'une fiabilisation industrielle, la phase de "captage" du CO2 est très consommatrice en énergie, et donc dégrade fortement le bilan énergétique et financier des centrales qui en sont équipées. Plus généralement, rien ne garantit la fiabilité à long terme de la séquestration du CO2 en profondeur (à quoi sert-il de le séquestrer aujourd'hui s'il ressort après demain?) et surtout, les couches géologiques susceptibles de stocker du CO2 et pas trop éloignées de sites potentiel des centrales ne permettraient pas, loin de là, de stocker l'ensemble des émissions des années à venir. Malgré tout ces constats qui devraient appeler à la plus grande prudence, la majorité parlementaire a adopté dans la Loi Grenelle 1 (article 19) une rédaction qui permet le développement de nouvelles centrales au charbon, sans pour autant rendre obligatoire leur équipement par un dispositif de captage et séquestration opérationnel...

Ensuite, au-delà de ce problème lié à l'effet de serre, l'industrie du charbon reste dangereuse et polluante. Dangereuse au moment de l'extraction (les conditions de travail des mineurs restent la plupart du temps inacceptables) et dangereuse pendant l'exploitation des centrales (l'épandage accidentel en décembre 2008 aux Etats-Unis de 4 millions de m3 de cendres toxiques de charbon sur plus de 150 hectares dans le Tenessee en est un exemple). Polluante, car les fumées et vapeurs issues de la combustion de la houille sont riches en soufre (source des pluies acides) et en métaux lourds, ainsi que les cendres qui peuvent également contenir des traces, parfois importantes, de radioactivité.

Les progrès techniques peuvent permettre de réduire ces risques et pollutions, mais ils ne les feront pas disparaître, et d'autant moins dans les pays moins développés qui font allègrement appel à cette technologie qui s'accomode bien d'une certaine "rusticité".

Dès lors, le Parti de gauche demande au gouvernement de geler ce projet de terminal charbonnier. Il demande la mise en place d'un débat public sur la transition énergétique de la France. La France doit pouvoir réduire progressivement sa dépendance aux énergies carbonées pour respecter ses engagements climatiques, tout en programmant la sortie du nucléaire en fin de vie des centrales actuelles, et sans miser sur les solutions technologiques incertaines. Une telle transition ne sera pas possible si le gouvernement laisse les entreprises décider des choix énergétiques français en fonction de leur taux de profit à court terme.

Le Parti de gauche propose la mise en place d'un processus de planification écologique, permettant au peuple français de débattre et de décider des grandes orientations pour lutter contre l'actuelle crise écologique. Dans le domaine de l'énergie, cette planification devra s'appuyer sur un pôle public, avec le retour d'EDF, de GDF et de TOTAL à 100% public, capable d'engager les nécessaires investissements de long terme, de sensibiliser les acteurs aux changements de consommation, et de garantir, dans la période d'énergie chère qui se profile, le droit à l'énergie pour tous.

Il est temps que le gouvernement prenne ses responsabilités face à l'urgence écologique. Le Parti de gauche dénonce le double langage de Nicolas Sarkozy qui tient de grands discours dans les négociations internationales, et laisse ses amis patrons d'entreprises décider des choix énergétiques français contraires à ses engagements.

Le Parti de gauche organisera un débat sur la Transition énergétique, le 12 décembre prochain à Limeil Brevannes.

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