28 novembre 2008 5 28 /11 /novembre /2008 20:18

Christophe Ramaux, économiste, n’a jamais été membre du Parti socialiste. Il a été l’un des initiateurs de l’Appel pour sortir de la pensée unique et membre du Conseil scientifique d’Attac. Il explique pourquoi il appelle à rejoindre le Parti de Gauche.

 

La création du parti de Gauche arrive juste à temps. La crise que nous connaissons est profonde, de celle qui marque un changement d’époque. L’époque du libéralisme conquérant, ouverte à la fin des années 1970, se clôt. La libéralisation de la finance, qui était sa clef de voute, n’est-elle pas justement ce par quoi tout éclate ?

 

Les chantres du libéralisme se convertissent en hâte au social-libéralisme. Dans cette optique, l’intervention de l’Etat est certes justifiée mais selon une visée bien délimitée : compléter, accompagner et, lorsqu’il le faut, sauver l’économie de marché. Concrètement cela donne : la socialisation massive des pertes, mais pour mieux assurer la privatisation des bénéfices de demain ; quelques mesures pour améliorer le « fonctionnement des marchés financiers » mais sans toucher au noyau dur de la libéralisation financière (la liberté de mouvements de capitaux, les paradis fiscaux, le soin laissé à la finance de dicter ses principales règles de fonctionnement, etc.) ; le refus de remettre en cause cette arme absolue contre les salaires qu’est la libéralisation commerciale et finalement le refus de revenir sur l’explosion des profits et des inégalités qui est pourtant, pour une large part, à la racine de la crise (à défaut des salaires n’a-t-on pas augmenté les crédits pour soutenir la consommation ?). Tout changer pour que rien de change : tel est au fond le piètre projet de civilisation que nous propose, à droite comme à gauche, les sociaux-libéraux.

 

D’autres réponses s’imposent afin que ce qui se passe aujourd’hui ne se reproduise pas demain et que la crise en cours ne débouche pas sur une dépression durable : à tous les niveaux (organisation de la finance bien sûr, mais aussi politiques commerciale, budgétaire, industrielle, de revenus, etc.), il faut résolument rompre avec le libéralisme économique.

 

De toute part, la soif est immense de comprendre « ce qui se passe » et plus immense encore est celle d’entrevoir les moyens d’« en sortir ». Tel pourrait l’un des projets du nouveau Parti de Gauche : soumettre au débat un plan cohérent pour sortir résolument du capitalisme libéral.

 

La gauche ne peut se réduire au duopole mortifère entre un Parti socialiste majoritairement acquis au social-libéralisme et une extrême-gauche purement protestataire, a fortiori lorsque, assez étrangement, l’un et l’autre se rejoignent dans le primat qu’ils accordent à la construction de leurs « écuries » ou de leur « boutique », au détriment du combat unitaire pour transformer la société.

 

La gauche a besoin d’une force qui soit à la fois résolument antilibérale, républicaine et unitaire. Les trois dimensions se tiennent.

 

Républicaine ? Le principe « un homme (une femme), une voix », qui au cœur de la République est une « invention » récente dans l’histoire de l’humanité. Ce principe est radical : il pose comme fondement de l’organisation de la société que chaque être humain compte pour un… et pas plus. On objectera que la démocratie telle qu’elle existe aboutit concrètement à corseter, à limiter ce principe. Certes. Mais ne perdons pas de vue que c’est cependant lui et nul autre qui offre une boussole pour approfondir justement la démocratie et partant transformer la société.

 

Antilibérale ? Parce que le capitalisme, a fortiori lorsque sous sa forme libérale il est libéré de toute contrainte, repose au contraire sur un principe de puissances et partant d’inégalités potentiellement illimitées. Quel principe doit primer ? Le choix du Parti de Gauche sera clair. Dit autrement : si le marché, n’ayons pas peur de le dire, peut avoir du bon, il ne peut être le fondement premier de la société. C’est la démocratie qui doit primer. Et ce qui vaut pour la société en général, vaut pour l’économie. Les sociaux-libéraux, confondant inspiration et pleutrerie, ne cessent de proclamer qu’il faut « accepter l’économie de marché ». Cela revient à poser le marché, et pour tout dire le capital, comme premier, l’intervention publique venant après (le plus souvent d’ailleurs pour simplement suppléer aux imperfections sur les marchés…). Ce à quoi on peut rétorquer que nous ne vivons pas, d’ores-et-déjà aujourd’hui, dans des économies de marché, mais dans des économies avec du marché, du capital, de l’intervention publique (les services publics, la protection sociale, le droit du travail, les politiques économiques…) et de l’économie sociale (associations, mutuelles, coopératives). Quel poids accorder à l’un et à l’autre ? N’est-ce pas cette question qui doit être au centre du débat démocratique… au risque sinon de dévaluer la démocratie ?

 

Unitaire ? Le souci de comportements unitaires, entre nous, mais aussi vis-à-vis de l’ensemble de la gauche ne s’impose pas simplement pour des raisons d’opportunités tactiques. La démocratie impose que le changement de la société procède d’un choix majoritaire. Il est sain qu’il en soit ainsi… et c’est bien pourquoi le choix de l’unité est stratégique.

Publié par PG 45 - dans Vie du Parti : Appels et soutiens

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