10 février 2012 5 10 /02 /février /2012 21:56

couv lhumain dabordA l'origine de notre projet économique et social il y a l'analyse que nous faisons de la situation et de la crise.
 

Pour le Front de gauche, la crise est due à deux phénomènes indissociables : l'explosion des inégalités et la déréglementation financière.

 

L'explosion des inégalités s'est caractérisée par une accumulation sans précédent des richesses au sommet de la pyramide sociale. A l'autre bout, la précarité et le sous-emploi ont fait stagner le revenu d'un gros tiers de nos concitoyens. Ces derniers ont de plus en plus de mal à finir leurs fins de mois. Ce sont eux qui ne partent jamais en vacances pour raisons financières. Eux qui gonflent chaque année les files d'attente des restaurants du coeur ou des banques alimentaires. Eux qui ont de plus en plus de mal à se chauffer, à se loger, à se déplacer...Outre, le caractète stupide et inique de cette situation c'est l'inefficacité économique d'une telle répartition des richesses qui nous conduit à la crise. Le développement économique est en berne faute d'une demande solvable suffisante de la part des 40 % les moins riches. Les 10% les plus riches ont donc un problème. Ils ne peuvent plus investir leurs immenses capitaux dans l'économie réelle. Donc ils spéculent sur les marchés actions, les titres financiers douteux, les matières premières, les dettes des Etats...provoquant des bulles spéculatives et leurs inévitables éclatements.

 

L'heure a donc sonné d'une gigantesque redistribution des richesses. La gravité extrême de la crise nécessite une redistribution massive comme Roosevelt pendant le New Deal et la deuxième guerre mondiale. 5 réformes peuvent constituer un bon point de départ :

 

- fixer un revenu maximum pour éviter que le phénomène ne perdure. Celui-ci sera de 360 000 euros/an imposable. Au-delà nous fixerons un taux marginal supérieur de l'impôt sur le revenu équivalent à 100%

 

- mettre en place dans chaque entreprise une échelle des salaires allant de 1 à 20. Cela obligera le plus haut dirigeant à augmenter les plus bas revenus s'il veut s'augmenter lui-même.

 

Hausse générale des minimas sociaux avec notamment le principe d'aucune retraite inférieure au SMIC.

 

Hausse des bourses d'études et droit à des allocations de formation et de recherche d'emplois pour les jeunes pour en finir avec la précarité étudiante.

 

Le SMIC sera porté à 1700 euros brut dès 2012 puis à 1700 euros net en fin de mandat (2017)

 

Cette dernière revendication est centrale. Le SMIC brut actuel est de 1365 euros. Le porter à 1700 euros tout de suite correspond à une augmentation de 335 euros soit 25 %. Mais elle est à relativiser. Cela correspond à 250 euros net. De nombreux cadres du public comme du privé perçoivent 250 euros d'augmentation dans leurs carrières sans en avoir pourtant un besoin aussi vital que les salariés les plus mal payés. Cela correspond également aux augmentations de 1936 et 1981 et reste en-dessous de l'augmentation de 1968. Cela correspond surtout à ce qu'il est indispensable pour un famille monoparentale vivant en région parisienne pour faire face avec dignité à ses dépenses courantes. Est-il normal que dans la cinquième puissance économique mondiale, pour un emlpoi à plein temps, on ne puisse pas payer ses factures indispensables parce qu'on ne gagne que 100 euros de plus que le seuil de pauvreté ? Pour mémoire l'augmentation des revenus des patrons du CAC40 pour l'année 2010 a été de 23%. (c'est la crise...). Nicolas Sarkozy s'est augmenté de 175% en 2007 (c'était la veille de la crise...)

 

Et la compétitivité ? Et la concurrence étrangère ? Nous sommes dans la mondialisation mon bon monsieur !

 

D'un point de vue macro-économique cela ne change rien. Car l'augmentation des salaires ce fera au détriment des profits. Il s'agit donc de baisser un poste de dépense pour en augmenter un autre. Depuis 1981, la part des dividendes versés aux actionnaires est passée de 3,5% du PIB à presque 9% au détriment des salaires.

 

Dans de très nombreux secteurs, la part des salaires dans le coût de production représente moins d'un tiers de la valeur ajoutée et tous les salaires n'augmenteront pas de 25 %. Donc ce n'est pas le coût de producton global qui augmentera de 25% mais éventuellement une part de celui-ci si on reste à profit constant.

 

Le différentiel de salaire entre la France et la République tchèque est de 1 à 4; avec la Roumanie de 1 à 8; avec la Chine de 1 à 25 ; avec l'Inde de 1 à 40. Si la compétitivité ne dépendait que des salaires il y a longtemps que la France n'aurait plus aucun emploi. En réalité, celle-ci dépend davantage de choix d'investissement et de production comme en témoigne l'excédent commercial de certains pays du nord de l'Europe dont les salaires sont supérieurs à ceux de la France.

 

Depuis 2001 l'euro s'est apprécié de plus de 30% ce qui signifie une dégradation de compétitivité d'autant avec la zone dollar (qui comprend la Chine). Pourtant aucun responsable du patronat européen ne hurle contre la surévaluation de l'euro et la politique de Jean-Claude Trichet. Faut-il sacrifier le salaire sur l'autel de la monnaie ou l'inverse ? Pour le Front de gauche, il n'y a pas à hésiter : nous choisissons les salaires !

 

Le problème numéro 1 des entreprises françaises c'est la demande intérieure et les carnets de commande liés à la consommation interne qui représente 75% du PIB. Continuer à sacrifier 75% du PIB pour essayer de faire augmenter 25% est inefficace.

 

L'essentiel de notre économie n'est pas en concurrence avec l'extérieur. Nous sommes malheureusement dans une économie de services dont la plupart ne sont pas délocalisables.

 

Enfin le Front de gauche accompagne cette mesure d'une volonté de sortir du libre-échange en rétablissant des taxes aux frontières de l'Union européenne et en adoptant des taxes sur le transport de marchandises afin de favoriser la consommation relocalisée.

 

Les libéraux développent depuis peu la théorie de la sortie de crise suivante. Ils promettent du sang, de la sueur et des larmes (travailler plus pour gagner moins) pour rétablir la compétitivité de nos entreprises, exporter davantage et créer des emplois.

 

Cette stratégie est mortifère. D'abord quel paradoxe ! Ceux qui se targuent d'être les plus européens n'ont rien d'autre à proposer comme sortie de crise qu'une solution pour la seule France visant à prendre des parts de marché aux autres entreprises européennes. Mais en quoi cela règlera-t-il globalement le problème de l'économie européenne ? En quoi le fait que les entreprises françaises écraseront à coup de talons les entreprises belges, néerlandaises ou allemandes règlera la crise globale de l'économie européenne ? Car 75% des échanges de la France sont réalisés avec des pays de l'Union.

 

D'autre part, quelle réaction entraînera ce type de politique chez nos voisins ? C'est simple : ils feront la même chose. A quoi ressemblera la demande en Europe quand tous les salariés travailleront 45 heures pour gagner 800 euros par mois. Le désastre est garanti. Il est d'ailleurs sous nos yeux car cette stratégie est celle qui a déjà été menée depuis 20 ans en Europe et qui donne le magnifique résultat du surendettement et du chômage de masse actuel. Aller encore plus loin serait suicidaire.

 

Et ceux qui ne sont pas au SMIC ?

 

L'expérience nous montre que lorsque la loi impose une telle augmentation du salaire minimum cela oblige à ouvrir des négociations dans les entreprises pour revoir toutes les rémunérations à la hausse. Les techniciens et les cadres bénéficiant aussi d'augmentations. Ces dernières ne seront sans doute pas de 25% et nous assisterons à un tassement de l'échelle des salaires qui ressemblera du coup à celle des pays nordiques.

Consulter les données graphiques de l'argumentaire.
 

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