12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 18:23

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Réuni ce 10 et 11 avril à Bagnolet (93), le Conseil National du PG a adopté très massivement une résolution politique "Après les élections". Voici la conclusion de cette résolution.

 

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Conclusion de la résolution politique "Après les régionales"

 

La sévère défaite électorale de la droite délégitime le pouvoir et sa prétention à poursuivre sa politique. L'affaiblissement de Nicolas Sarkozy qui en résulte ouvre un nouveau cycle politique. La question d'une alternative programmatique au libéral-conservatisme se pose avec une acuité accrue. Cela nous oblige plus que jamais à répondre à la construction d'une nouvelle majorité capable de porter le programme de rupture qui comprend les attentes populaires.

 

Même face à un Président discrédité, la gauche ne peut s'en remettre à un simple mécanisme d'alternance pour arriver au pouvoir. Non seulement il ne permet pas de battre la droite sur la durée - ce qui suppose de la contester à partir d'un véritable projet alternatif - mais il ne constitue aucunement l'assurance d'une victoire en 2012 comme l'a démontrée la séquence ouverte par la victoire de la gauche aux Régionales de 2004 et close par sa défaite en 2007.

 

La crise politique qui s'ajoute aujourd'hui à la crise sociale peut en effet fort bien déboucher sur d'autres scénarios : recours venant de droite, montée et dédiabolisation du Front national ouvrant une restructuration des alliances à droite sur le modèle italien, 3ème homme... Pour battre la droite, la gauche doit impérativement remobiliser les classes populaires. Elle n'y parviendra qu'avec des propositions politiques permettant de changer profondément la société et les conditions de vie de nos concitoyens, à commencer par les plus défavorisés. Le Parti Socialiste et Europe Ecologie ne portent pas cette orientation.

 

Parce que lui seul pose clairement la question de la rupture avec l'organisation du système capitaliste, le Front de Gauche a donc un rôle primordial dans la période à venir. Il faut à la fois répondre à l'aspiration à l'unité de la gauche pour battre la droite, tout en travaillant à changer la donne à gauche pour y supplanter le social-libéralisme et l'éco-libéralisme aujourd'hui dominants. Cela doit combiner l'unité la plus large pour combattre les projets de la droite et la confrontation politique à gauche sur les questions programmatiques. Par son enracinement dans les luttes, le Front de Gauche doit créer les conditions de rassemblement de toutes les énergies autour d'un programme transformateur appuyé sur le mouvement social et les nouvelles formes de militantisme.

 

Du poids que le Front de Gauche parviendra à prendre à gauche, dépendra l'évolution de celle-ci voire même ses chances de victoires. La question n'est donc pas aujourd'hui de prendre une (petite) place au sein de la nouvelle alliance de la « gauche solidaire » en faisant abstraction du clivage maintenu à gauche entre les lignes d'accompagnement et de transformation. Cela aurait pour effet immédiat de subordonner la seconde à la première. Il est, au contraire et toujours, de contester l'hégémonie du social-libéralisme en son sein en lui opposant une alternative de rupture.
Le Front de Gauche doit pour cela continuer à reposer sur ses trois piliers :

 

- autonomie vis-à-vis du PS et d'Europe Ecologie par la présentation de candidatures indépendantes au premier tour des élections à venir permettant aux citoyens de choisir entre les deux voies présentes à gauche : transformation ou accompagnement.

 

- rupture avec les politiques libérale et social-libérale et donc avec les logiques capitaliste et productiviste, par la défense d'un programme de mesures d'urgences en rupture avec le système et par la mise en perspective d'un nouveau projet d'émancipation et de progrès humain.

 

- unité de la gauche au second tour pour battre la droite.

 

Le Front de Gauche doit gagner en crédibilité et donc dépasser le statut de simple cartel électoral pour s'exprimer et s'affirmer comme force politique répondant en commun aux défis sociaux, environnementaux et démocratiques. Il pourra alors rassembler une partie des classes populaires qui ont aujourd'hui recours à l'abstention et même de constituer le seul antidote efficace à la remontée du Front National. Pour nous, dans la crise qui déferle, le Front de Gauche doit constituer un recours pour le pays et ce dès les prochains rendez-vous qui décideront de son avenir. C'est le sens de notre proposition de « paquet » : engagement à présenter des candidatures communes aux élections cantonales, présidentielles, législatives sur la base d'un programme commun (plateformes partagées) et d'une stratégie commune. Cette proposition politique devrait être une évidence pour toutes les composantes du Front de Gauche. Quel sens aurait notre rassemblement s'il ne s'inscrivait pas dans la durée et s'il renonçait à affronter ensemble les combats à venir ?

 

C'est sur ces bases que le Front de Gauche doit s'affirmer son ambition à gouverner le pays. L'enjeu des années à venir, état d'urgence politique, c'est une majorité pour un gouvernement de Front de Gauche. Que disons-nous ainsi ? D'abord que nous voulons marier la leçon des gouvernements de gauche précédents et des causes de leur divorce avec les milieux populaires. Ensuite que nous voulons-nous préparer à gouverner avec un haut niveau d'implication populaire dans les taches de la révolution citoyenne qu'il faut conduire en France. De cette façon, tout en confirmant notre engagement pour la solidarité de toute la gauche au second tour, nous militons pour être en tête de la gauche et en capacité d'appliquer notre programme de rupture.

 

Ces propositions mises en débat publiquement, il reste évidemment nécessaire de faire vivre et élargir le Front de Gauche sans tarder. Cela passe par son engagement, en tant que tel, auprès des mobilisations sociales à commencer par les retraites. C'est au cœur des luttes sociales et des résistances que doit s'organiser immédiatement l'élargissement du Front de Gauche au plan local comme national avec tous les partis et les forces qui ont fait campagne dans les listes de l'Autre gauche et plus largement avec tous les acteurs des mouvements sociaux et des luttes écologiques. C'est pourquoi, à l'issue de ce CN, nous lançons à la fois une adresse à toutes les organisations de l'autre Gauche pour que nous construisions ensemble le Front de Gauche (élargi). Nous proposons également de susciter en son sein des fronts thématiques (de type « Front de Gauche des économistes » initié au moment des Européennes) et des comités de base se mettent en place, y compris avec, là où c'est possible, des mécanismes d'adhésions directes à commencer par les régions où l'unité de l'Autre gauche a été la plus forte.

 

Nous sommes entrés dans un nouveau cycle politique profondément instable. Les scénarios du pire côtoient les plus grandes opportunités. Nous pouvons jouer un rôle essentiel dans le dénouement de cette crise si nous savons forger un instrument politique cohérent, ouvert, capable de se hisser au niveau du moment historique en échappant aux calculs partisans. C'est ce à quoi les militants du Parti de Gauche vont consacrer leur énergie. Plus que jamais le parti de Gauche, parti creuset, est le levier essentiel de cette ambition politique et doit donc se renforcer dans le même temps pour plus d'efficacité.

Publié par Karin Fischer et Bastien Joneau - dans Déclarations Politiques - Communiqués - Lettres

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